La respiration est-elle dans l’air du temps ?
Le port du masque est devenu obligatoire dans la plupart des grandes métropoles, dont celle de Grenoble, où je vis actuellement. De nombreuses voix s’élèvent depuis maintenant quelques mois, concernant la potentielle nocivité d’un environnement microbiotique confiné au niveau du visage et des voies respiratoires. Il ne me semble pas nécessaire de rentrer dans le débat du rapport fâcheux qui s’est crée, entre la protection de soi/de l’autre et l’auto-intoxication liée au masque ; l’objet de cet article philosophique sera plus de questionner le rapport à la respiration, lié au port généralisé du masque, en ces temps d’apnée semi-consciente.
Respirer, c’est se mettre en position d’effectuer un échange entre l’intérieur et l’extérieur, entre soi et le monde. Et cet échange ne se fait pas uniquement au niveau moléculaire de l’échange gazeux (oxygène-dioxygène), ni même au niveau biologique des virus et des bactéries potentielles que l’on reçoit et que l’on offre. Cet échange concerne le rapport philosophique et spirituel que chacun entretient avec la Terre qui le soutient d’une part, et avec le Ciel qui l’entoure d’autre part. Enfin, cet échange concerne le rapport que chacun entretien avec le cycle naturel de la Vie, le cycle de l’expansion et de la condensation de l’énergie en soi.
Que se passe-t-il quand je commence à me méfier de ma propre respiration ? Quand je place une barrière, un masque, entre moi et le monde ? Comment caractériser cette asphyxie très spécifique dans laquelle je me situe, lorsque je bloque le processus naturel de la respiration, par peur de la contamination ? C’est à ces 3 questions qu’entend répondre cet article, qui n’est que l’expression de ma subjectivité.
Le cycle de la respiration
Pour commencer, il me semble nécessaire de revenir au processus sinusoïdal de la respiration : inspiration/expiration. Dans ce processus cyclique, possédant une amplitude et une fréquence propre à chaque individu, on peut découvrir non pas 2 mais 4 phases, possédant chacune son importance propre :
- La phase d’inspiration, celle qui est en général la plus conscientisée chez l’homme (bien qu’elle reste bien souvent automatique, contrairement à celle du dauphin, qui doit inspirer consciemment s’il ne veut pas s’asphyxier), correspond à un processus d’expansion, dans lequel l’individu s’étend, s’étire, pour aller chercher à l’extérieur l’oxygène dont il a besoin. Il est intéressant de remarquer que seuls les animaux possédant des poumons et un diaphragme ont besoin de pratiquer cette forme d’expansion de la cage thoracique, pour pouvoir aspirer l’air. Les poissons, les insectes, ou plus encore les plantes, absorbent l’oxygène sans avoir besoin pour cela de s’étirer. Chez l’humain, l’inspiration semble correspondre à cette volonté d’élargir les frontières qui séparent le corps propre et son environnement proche. Il s’agit bien, comme Jung le disait déjà, d’une forme d’inflation, de gonflement (tel celui du crapaud), de tentative de prendre un peu plus d’espace pour y faire entrer un peu plus de ce qui peuple le milieu ambiant : de l’air.
Mais à travers cet air, qui pourrait sembler vide ou creux au regard ignorant, c’est l’énergie d’inspiration que je cherche à capter. Le concept-même « d’inspiration » suffit à montrer l’objet de cette quête qui me pousse à sortir de moi-même, de mon espace de sécurité et de stabilité, pour me porter vers l’extérieur comme un mendiant, en quête de ce que je ne peux créer par moi-même. En inspirant profondément, j’accepte de me livrer à ce qui me dépasse, j’accepte donc mon insuffisance (le contraire de la suffisance du crapaud, dont je reparlerai bientôt) et ma vulnérabilité : ma finitude. Et en accueillant en moi ce qui m’est à l’origine étranger – que ce soit uniquement de l’oxygène ou des idées inspirantes et des émotions étrangères – j’accepte de recevoir ma nourriture plutôt que de m’autosuffire : j’accepte ma dépendance. L’épisode symbolique de la Manne, dans le désert hébraïque de l’Ancien Testament, ne signifie pas autre chose, selon moi.
Suspens…
- A cette phase d’inspiration, succède une phase d’apnée haute, une phase de suspension de ma respiration, poumons pleins, qui ne dure en général que quelques secondes, mais qui peut durer beaucoup plus longtemps, si je retiens ma respiration. Cet air qui m’emplit et m’inspire, je pourrais être tenté de le garder, de le conserver, de m’en emplir à tel point que je n’aurai plus jamais besoin, symboliquement, d’inspirer à nouveau. C’est là l’inflation propre au crapaud de Jung, cette présomption qui est aussi un refus de sa finitude, ce que les grecs appelaient très justement « hybris » : orgueil et démesure. On trouve aussi cette tentative de conserver, pour ne pas avoir à demander à nouveau, dans l’épisode de la Manne, nourriture divine qui bienheureusement se corrompt si un humain tente de la conserver pour sécuriser le lendemain. Cette tentative de thésaurisation, encouragée dans le capitalisme moderne mais propre à la nature-même de la respiration humaine, n’est donc qu’une phase d’un processus vital, qui doit s’achever normalement dans la 3ème phase par l’abandon de ce que je ne peux pas retenir. La suspension de la respiration n’est pas en soi négative, bien au contraire : elle correspond à cet état d’énergie haute, propice à l’action, dont j’ai besoin pour m’épanouir. Chez le dauphin, par exemple, l’apnée haute constitue la plus grande partie du processus temporel de respiration, puisqu’il passe la majeure partie de sa vie en apnée, sous l’eau. L’essentiel est d’accepter la finitude de cette 2de phase, le passage à une autre phase, bien différente : l’expiration.
Expirer
- L’expiration est naturellement la phase qui succède à la suspension de la respiration en apnée haute. Et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, du fait du caractère apparemment passif et automatique de cette phase, il s’agit bien d’un travail à part entière, d’un travail actif et parfois difficile : le travail de l’abandon et de la condensation. Aban-donner ce qui ne m’est plus utile, ce qui est superflu ou ce qui est en trop, relâcher l’air que j’étais tenté de comprimer pour m’en emplir, c’est déjà en soi tout un travail pour celui qui voudrait fonctionner en autarcie. Mais accepter de rendre à la Terre ce qui ne m’appartient pas originellement, c’est aussi accepter de se dépouiller de ce qui, conservé et parfois chéri en mon sein, pourrait constituer symboliquement (et parfois très concrètement) une sorte de cancer intérieur. Car quand j’inspire et que je reçois mon air de l’extérieur, ce ne sont pas que des idées ou des émotions positives que j’accueille en moi. Le monde étant ce qu’il est actuellement, l’énergie que j’accueille à chaque inspiration contient des éléments antagonistes dont je me passerais bien, si je le pouvais. Les personnes hypersensibles ou perméables à leur environnement, les empathes de toutes sortes, le savent à leur insu, et préfèrent parfois s’isoler plutôt que de souffrir de telles vagues d’énergie déséquilibrée. Or bien souvent, on ne nous a pas appris à déposer, relâcher, rendre à la Terre toute cette énergie nocive que l’on peut accumuler. On ne sait pas l’exprimer, ou alors mal : et on blesse. Alors on la garde en soi, cette énergie de tension, et on finit par croire qu’elle nous appartient, qu’elle nous constitue : on s’identifie à elle. Apprendre à rendre ce qui ne nous appartient pas, ce à quoi on s’accroche ou ce à quoi on s’identifie : voilà tout le travail de l’expiration. Celui qui rend sa dernière expiration le sait bien, si du moins il lui reste suffisamment de conscience pour effectuer le travail de deuil, d’épluchage de soi, qu’est la mort. Les différents « livres des morts » (égyptien, tibétin, etc.) ne disent pas autre chose, me semble-t-il. Le travail de l’expiration est donc aussi celui d’une condensation, d’une réduction à l’essentiel, d’un abandon de tout ce qui est accessoire, superflu, poids inutile.
Rest in peace
- Et que reste-t-il quand on a accepté de tout lâcher, pour ne pas s’alourdir et s’encombrer de choses inutiles ? Il reste cette 4ème phase de la respiration, cette pause finale avant de recommencer le cycle : le repos. « Rest in peace », « repose en paix » est-il inscrit sur les tombes. Cela décrit assez fidèlement l’état de celui qui se repose dans la paix de la vacuité qui succède au travail de l’expiration. Souvent, dans notre vie trépidante, nous passons ce moment essentiel sans même le voir : nous inspirons à nouveau, impatients de vivre. Mais parfois, dans la phase hypnagogique qui précède le sommeil, ou alors en méditation profonde, ou encore juste après la phase d’hyperventilation qui débute une séance de respiration holotropique : nous restons avec délectation dans cet état-frontière d’apnée basse, poumons vide. Vides de désir et d’élan de vie, vides de tensions et d’intentions : en repos. Personnellement, profiter quelques instants de cette vacuité est un des plus grands bonheurs dont j’ai pu jouir en cette vie.
Bien sûr, l’apnée basse ne peut durer une éternité, comme pourrait pourtant le promettre un hypothétique « Nirvana » (étymologiquement, « extinction ultime » dans la religion hindouiste, une fois débarrassés de nos « karmas » et du cycle du « samsara », le cycle des renaissances). Vouloir rester en repos, ne plus se relever, ne plus inspirer, cela est pour moi symptomatique d’une dépression - certes nécessaire quand on a accumulé trop de pression liée à la durée de notre apnée haute (c’est-à-dire de notre hyper-activité) - et pourtant excessive et potentiellement dangereuse, comme tout déséquilibre. L’apnée du sommeil, cette pathologie qui touche de nombreuses personnes pendant la nuit, est là pour nous rappeler l’asphyxie qui menace celui qui peine à retrouver son élan de vie, sa « libido », son désir d’inspirer à nouveau. Vouloir rester vide, comme vouloir rester plein, cela est un idéal qui peut facilement se transformer en une morbide illusion. Heureusement, le plus souvent c’est le mouvement de la vie qui reprend le dessus chez l’humain, incapable comme le dauphin de s’empêcher volontairement d’inspirer. Peut-être faut-il y voir un enseignement sur le niveau de maturité d’un être aquatique à qui est donné la pleine responsabilité de son cycle respiratoire, contrairement à l’adolescent humain qui lutte parfois contre son fonctionnement naturel. Mais ceci n’est qu’une hypothèse...
Un cycle qui ressemble fort à une roue à 4 temps...
Inspiration, suspension, expiration, repos. 4 phases qui peuvent se retrouver à différents niveaux dans nos cycles naturels, qu’ils soient solaires (les saisons), lunaires (les « règles » féminines) ou tout simplement quotidiens. Inspiration : c’est le bourgeonnement du printemps, de la lune ascendante, du début d’un nouveau cycle pour la femme, d’un activité inspirante qui germe dans mon cerveau, etc. Suspension : c’est l’effervescence de l’été, la chaleur sensuelle de la pleine lune, l’ovulation féminine, l’hyper excitation sensorielle et nerveuse. Expiration : c’est le relâchement de l’automne, des feuilles qui commencent à tomber au sol, c’est la lune descendante, le moment de revenir en soi et de faire le bilan. Enfin vient, normalement, le repos de l’hiver, le froid qui pousse à l’intériorité, la nouvelle lune qui pousse à l’introspection, enfin le vide qui succède à l’expulsion des sangs obsolètes.
4 phases, 4 énergies, qui peuvent encore être liées au 4 éléments, aux 4 directions, aux 4 humeurs d’Hippocrate, dans une sorte de « roue médecine » que les indiens d’Amérique considèrent comme la structure du monde. Mais tout ceci sort quelque peu du champ de cet article, et pourrait passer comme un syncrétisme ésotérique qui déplaît souvent à l’esprit critique contemporain.
Et le masque dans tout ça ?
Si respirer, c’est accepter d’entrer profondément en relation avec la monde, avec la nature, la Terre qui me porte et le Ciel qui m’inspire ; alors que signifie le port du masque et la confidentialisation de la respiration ? Car il s’agit bien aujourd’hui de respirer « confidentiellement », juste pour soi, juste assez pour renouveler son propre air sans trop vicier celui des autres, ou sans se laisser pénétrer par l’air du voisin. On pourrait aussi parler d’idiotisation de la respiration : en grec, « to idion » signifie la sphère privée, au contraire de la sphère publique qui est le domaine de la polis, la cité, la politique. Que signifie donc, symboliquement, cette coupure du lien social consécutive à l’idiotisation ou la privatisation de la respiration ?
Cela signifie, premièrement, que je place une barrière entre moi et le monde, sous la forme d’une fine couche de tissu censée filtrer ce que je donne et reçois du monde. Cela signifie donc que je cherche à limiter le plus possible les échanges avec le monde, à me couper du monde, un peu comme un État (européen?) qui restaure les frontières avec les États voisins pour réguler les échanges, pour se protéger du danger provenant de l’extérieur. Cela signifie enfin que je remplace la confiance, fondamentalement nécessaire à la réception de la phase inspirante ainsi qu’à l’abandon de la phase expirante, par une méfiance à l’égard du monde qui m’entoure. Difficile de donner et recevoir, quand je me méfie des autres, et que j’érige des barricades pour me protéger d’eux. Difficile d’inspirer, de me laisser être inspiré, quand je ne peux respirer bien autre chose que mon propre air expiré. Et difficile d’ex-pirer, de déposer et de rendre à la nature, quand je considère comme potentiellement nocif et dangereux pour les autres ce que je devrais pourtant ex-pectorier et ex-pulser dans un processus ex-piatoire.
Ce qui se crée donc avec le port du masque, c’est un circuit fermé, une boucle dans laquelle je m’isole du cycle naturel de la respiration pour me constituer en unique centrale de recyclage de mon propre air. Et même si je sais bien que mon masque laisse passer l’air, les virus et les bactéries même (qu’il n’est donc qu’une mascarade me donnant un fictif sentiment de sécurité, révélant ainsi la pensée archaïque qui habite encore l’humain hautement civilisé), même si je sais que la frontière entre moi et le monde n’est pas très imperméable – heureusement -, il n’en reste pas moins que cette idiotisation de la respiration me coupe en grande partie de la possibilité de vivre sereinement mes cycles naturels. Je ne trouve que difficilement l’espace propice à accueillir en moi ce qui me vient du dehors, voire ce qui me vient de mon frère humain. Je ne peux plus le renifler, le sentir, le jauger, l’inspirer. Et derrière lui, ou plutôt au-delà de lui, je ne peux plus me laisser traverser, inspirer à pleine gorge ou à pleines narines, par le vent tourbillonnant d’émotions, de sentiments et d’idées inspirantes. Pour les personnes assez sensibles (ou assez conscientes de leurs perceptions), cela sonne vraiment comme un appauvrissement de mon rapport au monde, au Ciel, symboliquement au Père.
Et de même manière, quand je me résigne à inspirer une grande partie de l’air que j’expire, c’est le contact avec la Terre-Mère que je coupe à la racine, en m’empêchant de lui rendre ce qui ne m’appartient plus, ce qui devrait sortir de mon espace pour être accueilli et recyclé. Je suis vigilant à ne pas trop pousser mon expiration, à contrôler l’amplitude et l’intensité de ce relâchement, à pousser à minima le recyclage de ma contenance pulmonaire. Un être humain ne recycle en moyenne, dans un cycle respiratoire normal (donc majoritairement inconscient) qu’un quart du contenu de ses poumons. 1,5L sur les 6L de contenance en air. 25 %, contre plus de 90 % pour un cycle respiratoire normal chez le dauphin. Au maximum, quand nous inspirons à pleins poumons et expirons le plus profondément possible, c’est 4,5L d’air que nous parvenons à recycler. Soit 75 % de recyclage, d’échange avec la nature, la terre et le ciel. Avec le masque, je suis prêt à parier, de ma propre expérience, que c’est moins d’1,5 litres que nous recyclons, à chaque cycle. Impossible d’effectuer un cycle plus profond, plus complet. La respiration se fait timide, coupable, presque criminelle, au vu des nombreux cas de contamination que recense le gouvernement quotidiennement.
Or que se passe-t-il, au niveau des deux apnées (haute et basse) qui complètent mon cycle respiratoire, quand je respire moins ? Il est évident que mon apnée haute, symbolisant l’énergie que je suis capable de retenir et d’exploiter pour m’activer en tous sens, ne peut être qu’un pâle reflet de ce qu’elle pourrait être à la suite d’une respiration à pleins poumons. Mon activité se fait plus ténue, fébrile, creuse. Il lui manque l’air de la nouveauté, de l’inspiration, des grands vents. Nous sommes loin de l’inflation du crapaud de Jung ! Et mon apnée basse, ce repos délicieux après avoir expiré ce qui me pesait et me contaminait, n’est plus que le fantôme de ce qu’elle était une fois mes poumons pleinement vidés. Pensons, pour visualiser le gouffre entre ces deux états, à la sensation que j’ai pu éprouver, qui a pu m’envahir juste après avoir autorisé mon organisme à opérer ce nettoyage puissant qu’est l’hyperventilation, bouche grande ouverte. Pensons à ce vertige lié à la quantité d’oxygène inspiré, mais pensons aussi à la quantité d’oxygène expiré, et avec lui à la somme de ce que j’ai pu sortir de moi, extérioriser. Pour celui qui n’a jamais essayé cette intensité qualitative, l’image est difficile à créer. Pour celui qui respire timidement dans son masque, mais qui a connu cet autre état, l’image est douloureuse, cruellement nostalgique.
En résumé, ce qu’empêche le port du masque, c’est en 1er lieu l’ouverture au monde, le fait de se laisser toucher par ce qui ne vient pas de moi. En second lieu, c’est l’exploitation maximale de mon énergie de vie, de ma capacité à retenir et exploiter cette nourriture qui me vient de l’inspiration. En 3ème lieu, c’est l’abandon véritable, la capacité à se donner au monde et à déposer sans culpabilité aucune ce qui ne m’est plus utile, voire ce qui me pèse et m’empêche d’avancer. Enfin, c’est l’immense sérénité naissant d’une expiration profonde et libératrice, repos mérité avant le commencement d’un nouveau cycle. Que me reste-t-il, de ce cycle en 4 temps, que les Indiens d’Amérique appellent encore « roue-médecine » ? Il me reste la prudence d’une respiration minimaliste, au mieux confinée au processus corporel automatique et inconscient, au pire gênante et oppressante. C’est cette oppression que je sens personnellement, à chaque fois que je m’oblige au port du masque, dans les lieux où mon acte de désobéissance représenterait une exclusion trop criante du groupe social. Et cette oppression n’est pas que le simple reflet de décrets que je considère personnellement comme absurdement liberticides. Elle est bien plus encore la conséquence d’une respiration qui ne peut pas se déployer, d’un rapport au monde qui ne peut pas se mettre en place, d’un échange naturel qui se trouve amputé de ses éléments fondamentaux. Inspirer, suspendre, expirer, se reposer.
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Le risque pandémique est-il réel ? Je ne veux pas entrer dans ce débat dans cet article. Je me contenterai de clore cette respiration philosophique en pointant du doigt la pandémie d’asphyxie qui menace une population en manque d’air frais, recyclé.
Car quand je me coupe de mon processus naturel de respiration, quand je le réduis à son intensité minimale et à un fonctionnement autarcique, ce n’est pas en apnée que je suis, non.
C’est en asphyxie.
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